Le Bateau Ivre

Vous avez longuement marché d'un pas pressé cette nuit là et vous êtes las...

Traverser les Paluns à la hâte sous une pluie battante, votre tête lamentablement encapuchonnée, aura eu raison de votre enthousiasme, et c'est avec une joie mêlée de soulagement que vous atteignez enfin le Port de Menethil.

Avant de pouvoir pénétrer plus avant, deux gardes au regard suspicieux vous impose un rigoureux contrôle afin de s'assurer que vous ne représenterez pas une menace une fois passé les grandes portes.
Il est vrai qu'à votre aspect à ce moment là, rien en vous n'inspire à la confiance et c'est tout naturellement que vous accédez à leur requête pressante.
Maintenant rassurés quant à votre identité et vos intentions, vous pouvez enfin, soulagé, entrer dans l'enceinte du port. Vous apercevez rapidement l'auberge toute proche dont la lumière filtrant au travers de chaque ouverture était comme un phare perçant de sinistres ténèbres.

Beaucoup de monde est déjà là, festoyant et chantant en choeur d'une voix alcoolisée sur une musique qui égayait des murs sales et noircis par la fumée ambiante.
L'odeur des saucisses grillées et du porc braisé mêlé à celui de la bière fraîchement brassée ravive vos sens et vous redonne le sourire !

D'un coup d'oeil balayant la grande salle, vous remarquez à l'étage un coin plus calme où vous pourrez vous mettre à l'aise.

Montant l'imposant escalier de bois, vous découvrez alors une petite alcôve attenante à une cheminée où brûle un feu tranquille. Les flammes, à la lueur rassurante, lèchent amoureusement des bûches incandescentes et crépitant de plaisir, offrant en retour une douce chaleur réconfortante à tous les voyageurs fatigués d'une trop longue route...

De larges et bas fauteuils confortables, garnis de coussins, entourent une table ronde faite d'un bois de frêne ciré, sur laquelle un imposant bougeoir fatigué et dégoulinant de vieillesse éclaire la petite salle d'une lumière douce et tamisée.

Là, échouée au milieu d'une mer de vieux grimoires défraîchis et de parchemins griffonnés à la hâte, une ancienne boite à musique dorée, finement ciselée de motifs elfiques, chante de sa voix métallique et infatigable une douce et nostalgique mélopée qui ravive en vous un sentiment de bien être.

Une petite fenêtre toute ronde est l'unique ouverture d'où s'échappe la fumée paresseuse et gracile d'un encensoir noircis déversant son délicieux parfum à l'odeur enivrante de quelque épice exotique provenant d'au delà de la Grande Mer.

Vous vous installez là, après avoir suspendu votre cape de laine épaisse et détrempée à une patère et avoir sorti votre nécessaire d'un grand sac de voyage au cuir patiné par le temps et encore dégoulinant d'eau de pluie.

Tout en bourrant votre longue pipe noueuse, vous remarquez une affiche manuscrite placardée sur le mur d'en face...


Cette annonce vous intrigue beaucoup, et après le temps d'une réflexion, ayant au préalable commandé votre repas et tiré quelques bouffées sur votre pipe, vous décidez d'en apprendre davantage sur ce navire et son équipage singulier.

Le hasard faisant bien les choses, vous remarquez, alors que les chants provenant de la grande salle cessaient brièvement, que le son des vagues s'échouant sur le rivage proche parvenait jusqu'à vous à ce moment précis, comme une invitation au voyage alors que vous vous apprêtiez à prendre une grande décision.

Vous déroulez une feuille de papier légèrement froissée de votre bagage, souriant devant l'évidence en votre for intérieur, puis sortez votre plume accompagnée d'un petit encrier de verre épais au couvercle argenté.

Il est temps pour vous de changer de vie !

Et alors que vous commencez à rédiger votre lettre, vous entendez le cri lointain de quelques mouettes de passage qui semblaient colporter la rumeur de votre venue. Le Bateau Ivre allait bientôt compter une nouvelle recrue dans ses rangs...